Buenos Aires, de notre correspondante.
Tous les mardis soir, l'émission démarre en trombe. Costume noir-cravate, les trois présentateurs échangent quelques premières blagues décapantes sur l'actualité de la semaine. Caiga quien caiga («Tombe qui tombe»), ou CQC, lance alors le premier de ses moments forts: les interviews-surprises menées par une équipe de reporters dont le brio n'a d'égal que l'impertinence décoiffante. «Comment fait-on pour se maintenir si longtemps à son poste au gouvernement?» L'homme politique secrétaire d'Etat à l'Agriculture depuis sept ans n'a pas une seconde d'hésitation: «Il suffit de faire le con.»
Daniel Tognetti, 29 ans, qui a obtenu la réplique désormais célèbre, explique: «Dans une autre émission, il aurait sûrement dit autre chose. Mais là, il s'est montré franc. En termes psychanalytiques, nous cherchons à faire affleurer le subconscient des hommes politiques.» Tognetti a débuté dans Caiga quien caiga dans le rôle du journaliste maladroit qui, imperturbable, maintenait son micro sous le nez de l'interviewé bien après la fin de la réponse («Je pouvais dire n'importe quelle bêtise, n'importe quelle erreur, cela faisait partie du travail!»). Il a une prédilection pour la politique: «C'est fascinant, dans cette année d'élections, nous avons, pour le parti péroniste, des candidats ex-chanteur ou ex-coureur de Formule 1! En Argentine, la politique est un monde auquel il est facile de donner un sens tragi-comique.»
«Mal élevé». Pour Juan Di Natal