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Libération
Critique

FRANCE 3, 20H55. «L'Usine un jour de moins, un jour de plus»: docu sur la réduction du temps de travail chez Bouhyer. Le temps retrouvé des ouvriers.

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publié le 31 mars 1999 à 0h22

Comme beaucoup de gens de son âge (il avait 15 ans en 1968) qui ont

penché très à gauche, Eric Pittard s'est longtemps réclamé de la classe ouvrière. Le temps a passé mais le réalisateur se demande toujours comment montrer les ouvriers à l'écran. «Ne peut-on évoquer ce monde qu'au passé?, s'interroge-t-il. J'en ai parlé avec Richard Copans (opérateur, producteur de documentaires et ami de Pittard, ndlr). Il m'a donné les moyens de montrer l'usine aujourd'hui.» A l'heure des marchés triomphants, de la flexibilité, de l'extinction des idéologies révolutionnaires.

Première. Avec Les Films d'ici, la société de production dont Copans est un des animateurs, Pittard s'est consacré à son projet: filmer les conséquences de la réduction du temps de travail à la fonderie Bouhyer à Ancenis, entre Angers et Nantes. Cette usine a conquis une certaine notoriété, quand, il y a cinq ans, deux ans avant la loi Robien, quatre ans avant la loi Aubry, on y a signé un accord sur l'abaissement de la durée hebdomadaire du travail sans diminution de salaire. La situation singulière de Bouhyer en a fait pour un moment la cible des médias. Du quotidien régional aux télés nationales, on a évoqué cette entreprise où sont fabriqués des contrepoids pour chariot élévateurs et grues.

Ce battage médiatique n'a pas rebuté Pittard, très attiré par la problématique locale: des ouvriers et leurs syndicats réagissant à une initiative patronale de type nouveau. Il part visiter le site, rencontre les patrons, les resp