Ce que les Américains font subir à Godzilla dans cette nouvelle
série animée pour enfants ne peut être considéré que comme un acte infâme de colonialisme primaire. Reprenons: Godzilla est une créature post-atomique inventée par les Japonais dans les années 50, au lendemain de Hiroshima. Né de la fission nucléaire, Godzilla fut l'exorcisme sur grand écran de la peur nucléaire, ce qui ne l'empêchait pas de se résumer dans ses premiers films à une armure mal fagotée, à l'intérieur de laquelle s'évanouissait un pauvre comédien. Les images de synthèse n'existaient pas encore, il détruisait pourtant tout sur son passage. L'année dernière, Roland Emerich, l'auteur d'Independance Day, a cru bon donner naissance à un Godzilla amerloque, qui fut un flop retentissant au pays de King Kong (Godzilla ne serait-il prophète qu'en son pays?) La série diffusée par Canal J est une prolongation télé du film (même producteur, Columbia TriStar), «développée» par Jeff Kline et Richard Raynis (qui ont collaboré à Men in Black ). La série commence là où finit le film: par l'extermination du monstre, lequel, avant d'expirer, a laissé quelques oeufs pour Pâques" D'où il sortira un nouveau Godzilla, plus malin que son père, qui va tout de suite comprendre que quand on a la chance de naître sur le sol américain, on ne peut être que du côté de l'Amérique. Godzilla fait donc alliance avec les forces militaro-scientifiques de la première puissance mondiale pour combattre d'autres mutants un peu durs de la