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Libération

Après coup. Le vit en face.

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publié le 14 avril 1999 à 0h43

Guillaume Durand prend un journal et lit lentement, lundi, dans

Nulle part ailleurs, ce que la jeune actrice Caroline Ducey y a déclaré, à propos du tournage, dans Romance, de la longue scène de sexe entre elle, petite bourgeoise inquiète, et l'acteur pornographique Rocco Siffredi: «J'ai fait une crise de nerfs et pété les plombs. Rocco était là pour le faire pour de vrai. Pas moi. Et Catherine Breillat (la réalisatrice, ndlr) n'a rien dit.» Silence sur le plateau: les trois sont là, côte à côte. Au centre, en blouson de cuir fin et noir, le blond Rocco est plus élégant et flegmatique que jamais. Breillat rigole. Ducey regarde l'acteur de biais, comme un intimidant totem. On assiste, en direct, au déroulement d'un plan média. Pour faire un bon plan média, aujourd'hui, le film seul ne suffit plus: la fiction n'a plus confiance en elle. Il faut qu'ait eu lieu, sur le tournage, une anecdote signifiante. Cette anecdote, acteurs et réalisateur en font le produit d'appel du film. Ils vont la répétant de journal en plateau, comme ces grands-oncles à rouflaquettes qui, dans certains romans, radotent la bonne vieille même histoire. Le produit d'appel, ici, c'est la rencontre entre la frêle ingénue et le gros noeud ­ et les mots qui s'ensuivent. De feuille en feuille, Caro dit que Rocco ne l'a pas pénétrée, Rocco répond que si, Caro le traite de macho, etc. Et, ce soir, les voilà face à face, jouant le film du film.

Donc, Caro n'a pas supporté que Rocco se branle sous son nez en attenda