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Libération
Interview

Jeanneney livre une histoire de la télé et de la radio. Souvenirs, souvenirs. L'ex-patron de Radio France et ex- secrétaire d'Etat explique son attachement au rôle régulateur de l'Etat dans l'audiovisuel.

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publié le 14 avril 1999 à 0h43

Historien, Jean-Noël Jeanneney connaît bien l'audiovisuel: il a été

président de Radio France de 1982 à 1986 et secrétaire d'Etat à la Communication de 1992 à 1993. Son nom est évoqué comme l'un des possibles successeurs de Xavier Gouyou Beauchamps à la tête de France Télévision. Il vient de publier l'Echo du siècle, un dictionnaire historique de la radio et de la télé.

Comment expliquer que la télé et la radio soient empreintes de conformisme?

C'est à mettre en parallèle avec le développement de la presse populaire nationale entre 1870 et 1914, quand elle est passée de un à cinq millions de lecteurs. Les quatre ou cinq grands journaux parisiens ont alors eu tendance à éroder les angles. Et donc à se porter au niveau du plus petit commun dénominateur des goûts du public. C'est une pente naturelle de la télévision généraliste. L'Etat doit intervenir pour compenser les effets spontanés du marché, pour éviter un rabougrissement de la curiosité, des formes, de l'offre. Sinon, on s'en remet à la thèse américaine qui juge que la somme des égoïsmes des individus et des firmes, c'est-à-dire la recherche du profit, peut donner le meilleur audiovisuel possible.

Mais la télé a bien du mal à innover" L'important n'est pas que tout le monde invente, mais qu'il existe la possibilité pour des inventeurs de percer. Le système l'a permis dans les années 60 avec Jean-Christophe Averty. Et pourtant subsistaient des émissions débiles: surtout, n'embellissons pas le passé pour dénigrer l'actualité"