Berlin, envoyée spéciale.
«Discipline, discipline, discipline!»: vendredi matin à 9h30, lors de la conférence de rédaction du Tageszeitung (le «quotidien» en allemand), affectueusement appelé le «Taz», un chef tape du poing sur la table. Toute la grande famille du Taz, c'est-à-dire beaucoup d'anciens qui l'ont quitté, est revenue fabriquer un numéro spécial pour fêter son vingtième anniversaire. La conférence est une joyeuse pagaille, un va-et-vient de gens qui en profitent pour petit-déjeuner, un jaillissement d'idées entrecoupé de rappels à l'ordre: le bouclage est fixé ce jour-là à 15h30.
Ses 20 ans d'âge, le Taz les doit à cette tension incessante entre chahut et effort de rigueur. Fondé en 1979 par un collectif d'extrême gauche, inspiré par l'exemple de son jeune aîné Libération, le Taz a suivi l'ombre des évolutions de son grand frère: professionnalisation, introduction d'une hiérarchie, différenciation des salaires, passage à un lectorat moins «alternatif» et plus «classes moyennes vertes» (enseignants, étudiants"). A une différence: le Taz n'a pas été contraint de devoir son salut à l'arrivée d'un investisseur privé.
Plusieurs fois, néanmoins, la question d'ouvrir le journal à l'extérieur a été posée: s'adosser à un grand groupe pour surmonter une énième crise financière; injecter quelques dizaines de millions pour développer le quotidien. Chaque fois, l'équipe a préféré rester «pauvre, mais propre», comme le dit sa rédactrice en chef, Bascha Mika. Aujourd'hui, les pr