Souvenir ébloui et double programmation de Canal + aidant (1),
difficile de ne pas voir dans le premier film de Takeshi Kitano, Violent Cop (1989), le brouillon du chef-d'oeuvre qu'a constitué, neuf ans plus tard, Hana-Bi.
Kitano, qui ne devait être que l'acteur de ce petit polar, en reprit les rênes après la défection du réalisateur pressenti. Après avoir exigé de ses producteurs le contrôle total du film, il en profita pour faire ses gammes de futur très grand cinéaste. Ce Coluche nippon, star de télé réputée pour son débit verbal façon sulfateuse, créait ici un personnage de flic quasi muet et ultraviolent, encore plus radical que l'Inspecteur Harry de l'ami américain Clint Eastwood, dont on allait retrouver les avatars dans Sonatine (1995) puis Hana-Bi. Un flic qui, à grands coups de baffes et de saton, incarne une ultime forme de résistance dans une société intégralement pourrie, de la police corrompue par les yakusas jusqu'aux ados aussi décérébrés et violents que les droogs d'Orange mécanique (le film de Stanley Kubrick est brillamment pastiché dans la première séquence de Violent Cop). Mais, si le sujet est très classique dans le genre polar social, son traitement l'est beaucoup moins. La violence est ici stylisée jusqu'à l'abstraction dans des plans résolument fixes, sans aucun effet chorégraphique ou chatoyant à la John Woo. Les dernières séquences sont éminemment tragiques, mais la progression dramatique va à rebours des codes traditionnels. Tantôt Kitano ellipse co