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Libération

L'ancien quotidien de Solidarnosc fête ses dix ans et son entrée en Bourse. «Gazeta»: l'essor d'un journal de campagne.

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publié le 26 avril 1999 à 0h27

Varsovie, envoyé spécial.

Une balançoire rouille dans le jardin, dernier vestige de la crèche qui existait ici. Rien ne rappelle l'épopée de Gazeta, commencée au rez-de-chaussée de ce bâtiment triste et gris bordé par une pelouse mitée, au 19 de la rue Iwicka. En mai 1989, une poignée de dissidents, souvent issus de la presse clandestine, posent leurs machines à écrire sur les petits bancs de la garderie désaffectée et s'asseyent tant bien que mal sur les minuscules tabourets d'enfants. Un mois plus tôt, la «table ronde» entre le pouvoir communiste aux abois et le syndicat Solidarnosc a débouché sur la décision de tenir des élections en partie libres. L'autorisation de publier un quotidien le temps de la campagne est accordée. Huit pages tirées à 80 000 exemplaires, papier rationné, censure vigilante, moyens réduits au strict minimum. Tant pis pour le confort.

500 000 exemplaires. Le journal existe toujours. Il a gardé son nom, Gazeta Wyborcza, qui signifie «journal électoral». La même équipe continue aujourd'hui de le diriger, autour de l'ancien dissident Adam Michnik. La rédaction est installée à quelques rues de la crèche d'autrefois. Mais tout a changé. Gazeta occupe un bâtiment de cinq étages, doublé d'un immense hangar abritant une imprimerie de forte capacité. La feuille militante d'autrefois se vend à près de 500 000 exemplaires chaque jour, 700 000 le week-end, et compte une centaine de pages certains jours, une vingtaine d'éditions régionales et une flopée de supplém