Des grands espaces, des cow-boys et des Indiens. On retrouve dans
Little Big Man (1970) tous les ingrédients du western, à ce détail près qu'ils participent ici d'une remise en cause brutale du genre et de son mythe fondateur: la conquête de l'Ouest américain. Le film d'Arthur Penn repose pour une bonne part sur Dustin Hoffman, dans l'un de ces rôles transformistes qui ont fait sa gloire. Jack Crabb, 121 ans, raconte ses extravagantes aventures: enlevé à 11 ans par des Cheyennes, il n'aura cessé toute sa vie d'être à cheval entre deux cultures considéré comme un Indien chez les Blancs et comme un Blanc chez les Indiens. Une existence picaresque, où le mensonge lui a souvent servi de sauf-conduit et qui lui a fait rencontrer des personnages tout aussi bluffeurs que lui, bien représentatifs de l'Ouest et de ses pseudolégendes: un pasteur louche, un docteur charlatan ou encore Buffalo Bill, as de la gâchette et" trafiquant de peaux. Le film est ainsi construit sur le modèle du récit d'apprentissage façon Candide: les personnages apparaissent le temps d'une scène, disparaissent avant de revenir quelques années plus tard tirer les leçons de leurs expériences. Et Penn mélange constamment les styles (du bouffon au tragique, quitte à tomber parfois dans la caricature), multiplie à l'excès les ruptures de ton d'une scène à l'autre, voire au sein d'une même scène.
Mais la grande mystification du western dénoncée ici est, évidemment, le sort réservé aux Indiens. La mission «civilisatri