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Libération
Critique

Boy Meets Girl. Ciné Cinéma I, 20h30.

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publié le 4 mai 1999 à 0h52

Léos, on t'a connu pire, on ne t'a jamais trouvé meilleur. Alors que

tu t'apprêtes, comme à ton habitude, à décevoir Cannes (ça, au moins, c'est un bon point, tu n'as rien à faire dans un festival de médiocres Angelopoulos, de catastrophiques Kusturica"), une bonne chaîne de télévision a la bonne idée de montrer ton premier film, une leçon de magie ordinaire dont tu ne t'es heureusement jamais remis. Sans le savoir encore, tu aimais déjà Grémillon et ses ouvriers poétiques, ses pilotes fiévreux, ses amours prolétaires. Tu l'imitais déjà sans le savoir. Déjà, comme tout bon artiste, tu avais une mère impossible. Déjà, elle te faisait honte. Déjà tu étais méchant. Déjà tu étais autiste. Déjà tu étais gentil. Déjà tu trahissais tes amis. Déjà le monde, tu le voulais tout entier dans tes bras. Déjà, tu ignorais Walsh. Déjà, tu avais raison, tu avais tort aussi. Déjà tu étais un vieil enfant. Déjà, tu nous hérissais le poil avec tes coups de poker esthétique et tes chantages à l'émotion. Déjà, tu étais pâle. Déjà on t'aimait, peut-être pour toujours.

Aujourd'hui, on regarde de loin Boy Meets Girl, fantaisie cinéphile ultraritualisée, ultracodée, entre Godard période A bout de souffle (les t shirts rayés) et Bowie période mime (les clowneries hautaines). Déjà, tu pensais à Méliès, avec tes plafonds étoilés. Déjà, malgré toi, tu copiais JLG. Même Mireille Perrier, tu te collais à elle comme Godard se collait à Anna Karina par petites annonces interposées. Moins sportif, moins ridicul