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Libération
Critique

Esthète et éphèbe, une possibilité. «Ni dieux ni démons», de Bill Condon, Canal +, 13 h 40.

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publié le 7 mai 1999 à 0h54

Dans le sillage d'Ed Wood de Tim Burton, Ni dieux ni démons (1998)

de Bill Condon se présente comme une réflexion mélancolique sur les derniers jours d'un artisan de séries B, en l'occurrence le raffiné James Whale. Il fut peintre et metteur en scène de théâtre avant de devenir premier adaptateur au cinéma du monstre de Frankenstein (la Fiancée de celui-ci en fit une star des studios). Nous sommes à la fin des années 50 et le vieux cinéaste, dont la carrière a pris fin, s'ennuie ferme dans sa grande villa d'Hollywood. Pour le distraire et accessoirement couper les roses de son jardin, débarque un jardinier droit sorti d'une photo de Bruce Weber. Le film raconte la relation platonique et intense entre l'esthète et l'éphèbe, lequel n'est autre qu'une réincarnation métaphorique de la créature de Marie Shelley. Si bien que Ni dieux ni démons s'enfonce parfois lourdement dans des mises en abyme répétées provoquées par de multiples injections d'extraits des films de Whale, dont la teneur poétique laisse d'ailleurs le reste du film loin derrière. Son intérêt ­ il n'est jamais sorti dans les salles françaises bien qu'unanimement applaudi par la critique américaine et oscarisé ­ se trouve plutôt dans sa tentative (ratée) de parler des homosexuels d'Hollywood, le film s'inspirant dans les grandes largeurs de l'amitié à rebrousse-poil de Whale et de Cukor, ce dernier bien connu pour avoir été une closet queen teigneuse. Il y avait de quoi nourrir une pochade abrasive. Malheureusement,