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Libération
Critique

""La Dernière Rafale"" de William Keighley. Ciné Classics, 23 h.

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publié le 8 mai 1999 à 0h56

Crimes en ville. Un commissaire charge son plus brillant inspecteur

d'infiltrer le gang suspect. Problème: les truands ont eux aussi un informateur dans la police" Le sujet de l'agréable Dernière Rafale (The Street with No Name, 1948) est très classique du film noir hollywoodien des années 40. Son esthétique ne l'est pas moins: noir et blanc de rigueur, et style quasi documentaire. Petite originalité: le réalisateur William Keighley, beaucoup plus inspiré que d'habitude, s'intéresse ici davantage au monde des truands qu'à celui des flics. Mais le plus bel attrait de la Dernière Rafale reste son acteur principal: Richard Widmark.

Widmark, c'est une belle allure élancée, et surtout une gueule: un front immense et des yeux minuscules qui lui permettent d'exprimer l'humanité la plus sincère puis, dans la seconde qui suit, la cruauté la plus sadique. Le tout avec une sobriété et une économie de moyens plutôt inhabituelle pour un acteur formé à Broadway.

Dans la Dernière Rafale, Widmark joue clairement dans le registre «ordure». Tuant comme il respire, frappant sa blonde à toute volée, son personnage d'Alec Stiles est le cousin en sévices du Tommy Udo, autre personnage génialement incarné par Widmark, qui, dans le Carrefour de la mort (Kiss of Death, 1947), projetait en rigolant une pauvre mamie infirme dans l'escalier. Ce qui n'empêche pas le monstre Alec Stiles d'être ni un curieux maniaque (terrifié par les courants d'air et les microbes, il se promène pendant tout le film avec un