Salon Magazine est le premier journal généraliste «en ligne»,
c'est-à-dire publié sur l'Internet, à se lancer dans l'aventure d'une introduction en Bourse (au Nasdaq). Ce sport est plus couramment pratiqué par les petites sociétés explosives de la Silicon Valley oeuvrant dans le logiciel ou les services. Mais Salon, réalisé à San Francisco par une équipe de 74 personnes, n'est pas un webzine comme les autres: c'est le plus célèbre et le plus ambitieux (www.salon.com).
Comment un journal qui affiche sa volonté de «faire réfléchir», de la culture au sexe, qui a fait de la qualité éditoriale son principal objectif, au prix d'un déficit massif, peut-il espérer séduire les investisseurs avides de croissances exponentielles? Le document préparé pour l'occasion ne les berce pas d'illusions: «L'offre présente un haut degré de risque. Nous manquons de revenus significatifs, nous avons un historique de pertes et nous anticipons une augmentation de ces pertes.» Pour les neuf derniers mois de 1998, le journal, fondé en novembre 1995, a engrangé 12,7 millions de francs de publicité, mais il a tout de même perdu 26,1 millions de francs.
Peu de frais, peu de rentabilité. Salon a pourtant, en apparence, un grand atout: pas de frais de fabrication ni de diffusion (des tâches qui représentent parfois plus de la moitié des charges d'un titre de presse). Il suffit aujourd'hui d'un ordinateur relié au réseau, de quelques logiciels simples d'emploi, pour espérer devenir un média au lectorat planét