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Libération
Critique

Je vous salue Marie. Paris Première, 21 heures.

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publié le 13 mai 1999 à 0h58

Jean-Claude Brisseau, dernier humaniste du millénaire, dernier

cinéaste français du siècle, dernier dynamiteur hitchcockien de ces trente dernières années, énigme du jour. Avec Noce blanche (1989, 20h30, Canal Jimmy), une manière de chef-d'oeuvre fragile, déchirure sentimentale, chanson triste pour crooners morts, s'élabore dans le noir absolu. Comme tout film qui finit mal, et celui-ci finit salement mal, le spectateur s'invente vite fait un happy end plus mélodique pour mieux dormir la nuit. Dernier beau rôle de Bruno Cremer, pathétique prof trop lourd, trop sérieux, trop triste, avant qu'il ne s'obésisse en Maigret rétro. Premier beau rôle, le dernier aussi sans doute, pour une Vanessa Paradis ivre de jeunesse, droguée de lumière nymphette, ivre de blondeur et d'impertinence, sotte comme une Lolita de province. Même Ludmilla Mikaël, d'habitude si tristement théâtreuse, s'en tire bien en femme trompée qui ne s'en remet pas. Si ce film est si beau, si sinistrement sublime, pourquoi consacrer l'essentiel de cette chroniquette à Je vous salue Marie, ratage presque kitsch d'un Jean-Luc Godard sinistré, bloqué, détraqué, qui passe à peu près à la même heure sur Paris Première? Brisseau baroque, JLG christique, entre-deux protestant, refoulé juif? Il y a des années et des années, le chroniqueur un peu plus jeune, moins résigné, plus orgueilleux, titrait l'Angoisse de Godard devant le cul rouge de Marie dans Libération. Ce titre disait l'impossibilité, pour JLG, à l'époque fou d'