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Libération

Après coup. Debray y fut.

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publié le 14 mai 1999 à 1h01

L'intellectuel et médiologue Régis Debray vient de passer quatre

jours au Kosovo. Officiellement, mais, assure-t-il mercredi soir sur TF1, «en toute indépendance». Il a pu aller et s'arrêter, dit-il, là où il voulait; avec son interprète, un ami serbe importé de France et «plutôt opposé à Milosevic»; et avec, sans doute, le guidant dans la nuit humaine, les phares de Gide, Malraux et autres. Debray est assez touchant. Il écrit souvent bien, quoiqu'un peu enflé. Mais il se regarde sans cesse dans le miroir-aux-grands-morts; il y guette son reflet; il met en scène ce guet; et le monde finit par devenir ce miroir: il y cherche trop ce qu'il aurait voulu être, une fiction héroïque, pour y voir vraiment clair et dans ce qu'il est, et dans ce qu'il voit. Le monde est son théâtre ­ et rien d'autre: il s'y éternise en sa posture de solitaire. Moi au Kosovo, et même, Le Kosovo en Moi. Comme BHL, Debray voudrait être l'intellectuel total, divin: à la fois libre, engagé, officiel. C'est difficile. C'est trop. Et, ce soir, c'est un peu triste.

Ayant obtenu son visa en tant qu'envoyé spécial de l'hebdomadaire Marianne, qui n'est pas farouchement opposé aux Serbes, il publie ce jour dans le Monde un article, et vient le répéter au journal télévisé. «A votre avis, lui demande aussitôt Poivre d'Arvor, pourquoi les Serbes vous ont-ils permis de faire ce qu'ils ont refusé à peu près à tout le monde?» La réponse est dans la question. Debray, sérieux, chuinte sous sa belle moustache: «Parce que