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Libération
Critique

Les deux versants d'Israël. Docu-fiction autour du 50e anniversaire de l'Etat hébreu. «Happy Birthday, Mr. Mograbi», documentaire. Arte, 22 h 20.

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publié le 14 mai 1999 à 1h01

Le 30 avril 1998, le cinéaste Avi Mograbi fête son 42e anniversaire,

alors que l'Etat d'Israël célèbre avec faste ses 50 ans d'existence. Et les deux ne vont pas fort, au vu de ce docu-fiction parfois brouillon mais intrigant, habilement construit autour de trois «histoires».

Début 1998, Mograbi reçoit commande d'un producteur israélien pour tourner un film «positif» sur le jubilé; à la même époque, il accepte également de réaliser pour la télévision éducative palestinienne un documentaire critique sur le même événement. Mograbi raconte ces deux tournages et, à la manière tragi-comique d'un Nanni Moretti, intervient régulièrement à l'écran pour raconter ses déboires immobiliers: autrefois, il a acheté un terrain à bâtir; mais, à la suite d'une erreur, il possède une parcelle plus grande que ce qu'il a payé, au détriment de son voisin; aujourd'hui qu'il veut vendre, doit-il révéler la vérité à son acheteur? Mograbi file jusqu'à son terme cette métaphore du conflit israélo-palestinien, traçant des parallèles entre sa schizophrénie et la mauvaise conscience de son pays. Il use, voire abuse du montage pour critiquer le double langage de «Bibi» Netanyahou, et dénoncer l'aveuglement des juifs nationalistes. Alors que le Premier ministre israélien invite à regarder vers l'avenir, Mograbi prend un malin plaisir à faire défiler les images en marche arrière. Les dirigeants se vantent d'avoir développé le pays, il leur rappelle la «faute originelle» de l'Etat hébreu: les 418 villages pal