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Libération

La vie en pub. Voleurs de rêves.

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publié le 15 mai 1999 à 1h02

Bien sûr, la publicité nous a accoutumés à subir de violents

électrochocs. Mais, au cas où on imaginerait qu'il y a quand même des limites, un nouveau spot vient de pulvériser nos dernières illusions. Sur une musique extra-cool, voici une jeune femme africaine avec son beau visage tourné vers le ciel. Et, dans la foulée, voilà un homme blanc avec sa barbe, qui semble rêvasser, accoudé à la fenêtre de son automobile. Et encore: un marin-pêcheur avec son phare, un Touareg avec son désert, deux bonzes avec leur robe, deux jeunes filles avec leurs cheveux noirs, un docker chinois avec son cargo, deux Eskimos avec leur igloo, un couple de babas avec leur coucher de soleil et un petit garçon avec sa Voie lactée. Bref, l'humanité contemplative, tout entière tournée vers le firmament. Cette tension publicitaire vers le ciel est, au départ, énigmatique. Que vont-ils nous vendre? Des surgelés de l'espace? Une nouvelle marque de planète? Mais la devinette est de courte durée bien que l'explication commence par un rideau de fumée. Une voix off et mâle convoque le fond du tonneau de la philo de supermarché: «Ces regards, vous avez l'impression de les avoir déjà vus. Peut-être parce que depuis la nuit des temps, chaque fois que l'homme rêve éveillé, c'est les yeux tournés vers le ciel.» Sûrement. Bien qu'on ne voie toujours pas où tout ce charabia, même venu de la nuit des temps, nous conduit. Le temps de reprendre son souffle, le message se poursuit et frappe dans le mille de sa cible: