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Libération
Critique

A l'est d'Eden. Ciné Cinémas I, 22 h 45.

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publié le 17 mai 1999 à 1h03

Adulé pour sa performance rebelle dans la Fureur de vivre, le

chef-d'oeuvre ringard et bavard de Nicholas Ray, étonnant face au pétaradant pédé musclé Rock Hudson dans Géant, James Dean n'est complètement lui-même que dans son tout premier film, A l'est d'Eden, l'une des deux ou trois réussites d'Elia Kazan, grand brasseur d'air et sandwich grec vivant, récompensé récemment par d'autres sandwiches, à Hollywood, pour son art du casting, un art en soi.

Difficile d'en finir avec ce brasseur d'air, ce buveur d'eau. Malin comme une pierre, Kazan inventa très tôt l'art du casting. D'avoir scotché dos à dos le plus vieux jeune premier du monde, Montgomery Clift, et la plus belle Lolita au sud de Houston, Lee Remick, dans son seul et unique chef-d'oeuvre, le Fleuve sauvage, Kazan s'en sort indemne. Et invente quelque chose comme le clash d'acteurs (Jo Van Fleet avec James Dean, Jo Van Fleet avec Lee Remick, Jo Van Fleet avec Julie Harris, la sublime Julie Harris), un art du duo vendeur (Brando/Malden, Brando/Leigh, Brando/Brando), aujourd'hui porté à son paroxysme imbécile et cynique par les accouplements box-office les plus couillons du moment, depuis le duo scientologico-frigide du dernier Kubrick (Tom Cruise/Nicole Kidman) au duo dentiste du premier et du pire Zonca. Ces deux-là, la brune et la blonde, prévendent la Vie rêvée des anges à chaque remise de Césarino avec leurs différences bien assorties. Quand il découvrait Bonnaire avec Besnehard, Pialat avait au moins du courage, de