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Libération
Critique

Une tarte à la crème pour M. Trénet

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Une nouvelle hagiographie avec des témoins peu inspirés.
publié le 18 mai 1999 à 1h04

«Bon anniversaire Mr Trenet», 20h55 France 3. Sous la houlette de Claude Fléouter (Mr Victoire de la musique) et de Jacques Pessis (qui, dans ses Etoiles du music-hall sur la chaîne éducative, fait dîner Marie Dubas avec Guillaume Appolinaire en 1925), ce document est censé fêter le énième anniversaire du «fou chantant». Le principe est simple: le patient est soumis à un bombardement d'archives, qu'il agrémente de quelques maigres commentaires parfois jolis. En prime, des témoins. Niaiseux extasiés à la Alexandre Jardin («Trenet c'est la France») ou vieux de la vieille ignorants à la Eddy Mitchell («avant lui, jamais un piano n'avait swingué de cette manière» ­ merci pour Wiéner et Doucet ­, «Il est le premier à avoir fait rentrer la langue populaire dans la chanson» ­ merci Bruant, Jouy et les autres). Dans la moulinette d'archives, on retrouve des images rares comme celle de Charles avec Johnny, des perles de mauvaise foi (Sablon, «the french troubadour», a fait carrière aux Etats-Unis avant lui) ou d'humour: parlant de sa mère il dit: «Elle ne m'a jamais empêcher de... de chanter», quand elle dit de lui: «J'ai eu un grand bonheur avec un grand B, lui avec plein de petits B»... On a droit à une chanson «anti-fridolin», mais l'attitude de Trenet pendant l'Occupation, et le blâme qu'il encourut après, est occulté; l'histoire de la mélodie de ce qui deviendra Padam Padam, volée à Norbert Glanzberg (Trenet en avait fait «Tournons, tournons, tournons / On oublie quand on danse