Menu
Libération
Critique

Pas de printemps pour Marnie. 13e Rue, 20 h 40.

Article réservé aux abonnés
publié le 20 mai 1999 à 1h06

En 1964, soit seize ans avant sa mort, Alfred Hitchcock signe son

dernier chef-d'oeuvre, apothéose d'enluminure et de postcinéma radical, Pas de printemps pour Marnie, plus connu sous son titre original, Marnie. De ce film-là, on se contentera de dire en manière d'introduction qu'il traite d'une pulsion singulière, le vol, en tant qu'elle a à voir avec certaines pratiques sexuelles de la petite enfance. Quiconque a vu Cocteau traiter souverainement du vol d'un arrosoir, de la peur d'être découvert, de la jouissance d'être découvert, d'être pris, est déjà dans un territoire hitchcockien. Avant de trahir le cinéma pour la télévision dans ses miniatures suprêmement vulgaires, suprêmement bien élevées, fabuleusement minimalistes (Hitchcock présente, 1955-1962, plus d'une centaine de courts métrages télé d'anthologie qu'on a pu voir tous les jours, à 20 h 13, sur 13e Rue avant que cette chaîne, comme beaucoup d'autres, cède au mirage cannois), Hitchcock racontait volontiers ses cauchemars de garçonnet obèse, quand son père, pour lui faire peur, l'avait fait enfermer quelques heures dans un commissariat. Des années durant, le gros Alfred prétendit que l'anecdote, vraie ou fausse, lui avait servi de leçon et qu'il avait décidé d'être, à vie, un bon garçon. Les horreurs, il les ferait dorénavant en imagination, dans ses films.

1964, un homme, une femme, une voleuse, un séducteur, un accident de cheval, une scène originelle, une psychanalyse sauvage. Et l'une des deux ou trois plus b