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Libération
Critique

Lone star. Ciné Cinémas I, 22h15.

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publié le 25 mai 1999 à 1h10

John Sayles, qui aura 50 ans en l'an 2 000, est l'une des figures

les plus attachantes du cinéma américain indépendant. Ses longs métrages, s'ils touchent à tous les genres ­ film social avant tout, mais aussi science-fiction, comédie romantique ou encore film sportif (1) ­ forment une oeuvre très cohérente, véritable radiographie de la société américaine. Sayles a deux grandes qualités: savoir écrire de belles fictions sur des bases très documentaires, et filmer ces histoires dans des territoires très cinégéniques mais que les producteurs hollywoodiens considèrent comme autant de terra incognita. Passion Fish (1992) se déroulait dans les bayous de Floride, son nouveau film Limbo, a été tourné en Alaska. Lone Star (1995) se déroule lui aux confins du Texas, dans la ville bien nommée de Frontera. On découvre un squelette vieux de 40 ans: c'est celui de Wade, un shérif raciste et magouilleur disparu sans laisser d'adresse et auquel a succédé le populaire Buddy Deeds. Le fils de ce dernier, devenu shérif à son tour, décide d'enquêter sur ce vieux crime" Lone Star est donc un polar dans des décors de western, mais sous la forme d'une chronique sociale dans un lieu multiethnique. Sayles multiplie les personnages qui, comme chez Ford, existent d'abord en tant que membres d'une communauté. Il montre ainsi sans fard les tensions entre les «Anglos», les «Chicanos» et les «Blacks», séparés par la langue, la culture, ou la richesse mais unis par un passé douloureux: les guerres d'indépe