Prenez, au hasard, un film de science-fiction hollywoodien des
années 50. Qu'il parle d'un futur lointain ou proche, d'espace ou de la terre, de robots ou de manipulations génétiques, vous y décèlerez neuf fois sur dix une profonde angoisse concernant la bombe atomique. L'Homme qui rétrécit (The Incredible Shrinking Man, 1957) est parfaitement représentatif de cette psychose. Le héros Scott Carey, contaminé par un nuage radioactif, voit son corps diminuer de plus en plus, jusqu'à atteindre la taille d'un puceron. La science est d'autant moins impuissante à inverser le processus qu'elle applique au pauvre Scott les «progrès» (traitement à l'iode radioactive et aux rayons X) qui ont causé son malheur. Dans un premier temps, le film suit pas à pas la dé-croissance de son héros, avec beaucoup d'habileté et de poésie. Le réalisateur, Jack Arnold, connaît ses classiques, et notamment que la terreur la plus extrême provient souvent du quotidien le plus banal. La métamorphose du héros se devine tout d'abord à ses vêtements un peu trop grands, à son téléphone un peu trop gros; avant qu'une cave ressemble à un désert hostile et un escalier à l'Himalaya. Arnold, spécialiste des effets spéciaux, sait aussi varier ses trucages, alternant surimpressions et décors «naturels» à l'échelle du héros lilliputien. Il n'a pas négligé le travail sur les bruits, intelligemment amplifiés, qui fait d'une simple fuite d'eau l'équivalent sonore des chutes du Niagara. Mais l'Homme qui rétrécit n'aurait s