Menu
Libération
Critique

Bullitt. Ciné Cinémas I, 23 h.

Article réservé aux abonnés
publié le 29 mai 1999 à 1h14

Steve McQueen dévalant les rues de San Francisco au volant d'une

Ford Mustang, cette folle poursuite, souvenez-vous. Eh bien, les souvenirs sont trompeurs. Certes, poursuite il y a ­ 9 minutes et 42 secondes, ayant nécessité trois semaines de tournage ­, mais Bullitt n'est en rien le film d'action trépidant qu'on avait gardé en mémoire. C'est au contraire un film «à plat», d'une sobre efficacité, où les plans s'étirent parfois en longueur, où les dialogues sont rares, où le jeu minimaliste de Steve McQueen ferait passer Clint Eastwood pour un dangereux excité. Comme dans un classique Inspecteur Harry, le lieutenant détective Frank Bullitt se retrouve obligé de prendre quelques libertés avec sa hiérarchie et les pratiques réglementaires de la police de San Francisco. Un repenti de la mafia est prêt à témoigner contre l'organisation, encore faut-il le maintenir en vie jusqu'au procès, c'est-à-dire pendant quarante heures. C'est Bullitt qui doit s'y coller, mais l'affaire s'avère vite plus complexe que prévue.

Nette différence avec Don Siegel et Clint Eastwood, tout cela est filmé (par Peter Yates) sans recherche excessive du spectaculaire, et avec un curieux intérêt pour les temps morts. McQueen promène sa mine contrariée durant 1 h 45, sans souci particulier du bon mot. Les autres acteurs (Robert Vaughn, Jacqueline Bisset) s'en tiennent à un minimum syndical. La caméra s'en va piocher, à la longue focale, des échanges de regards. On est presque dans l'introspectif, quoique a