Canal + va réaliser un gros coup à partir du 8 juillet en diffusant
l'intégrale des Histoire(s) du cinéma de Jean-Luc Godard, dont la plupart des huit épisodes sont encore inédits sur le petit écran. En guise d'apéritif, Jean-Michel Royer a plongé dans les archives de l'Institut national de l'audiovisuel. Il en est ressorti avec un documentaire-compilation sur les rapports tourmentés du cinéaste avec la télévision depuis quarante ans. Et ça démarre plutôt mal. Pour parler de Godard, Royer n'a rien trouvé de mieux que de faire du sous-Godard. Panneaux d'intertitres, incrustations d'aphorismes sur l'écran (genre «Il réfléchit à la télé, il réfléchit la télé»), décalages entre sons et images constituent autant de gadgets maniéristes qui parasitent la pensée de Godard. Le réalisateur d'Alphaville définit souvent la télé comme l'antithèse du cinéma: celui-ci «crée des souvenirs», celle-là «fabrique de l'oubli»; devant le grand écran «on lève la tête», face au petit «on la baisse», etc. Godard est un homme de cinéma qui n'aime pas la télé et qui l'a dit à la télé, en utilisant les armes de la télé: prise de parole autoritaire, formules chocs, sens du spectacle. On prend ainsi beaucoup de plaisir à revoir le cinéaste moucher l'alors jeune et déjà arrogant Daniel Bilalian, ou donner un cours de cadrage à un Yves Mourousi interloqué. Godard martyrise la télé, qui finalement semble aimer ça. Car cet empêcheur de téléviser en rond est un bon client, la télé (et plus particulièrement Ca