Il n'y a que Frédéric Mitterrand pour commencer un documentaire par:
«Ainsi donc"» Comme si on prenait une saga en cours, alors qu'il n'y a qu'un épisode, comme si on savait de quoi il nous parle. Ainsi donc, Mémoires d'exil succède aux Aigles foudroyés. Ce premier volet est titré le Phénix Romanoff, ce qui revient à reprendre l'argumentaire de Louix XIV qui s'était proclamé «Roi-Soleil». Le camp est choisi, entre l'Illustration pour les archives noir et blanc et Point de vue images du monde pour la distance critique. La semaine prochaine, ce sera les Combats de Otto de Habsbourg. Ainsi donc, les Romanoff, autour du tsar Nicolas II renversé en 1917, «ont vécu un arrachement sans consolation, des solitudes silencieuses». Ainsi donc, un duc est en Italie, une archiduchesse à Londres, un prince au Danemark, ou l'inverse, car en fait, cette valse de noms à particule sur fond de musique de boudoir, brodée par la voix du grand chambellan Frédéric, nous perd vite dans les steppes de Sibérie. De temps en temps, des saillies du commentaire agressent l'oreille: «Il a eu une jeunesse trop choyée» semble être pour Frédéric Mitterrand l'ultime souffrance. Du coup, les vraies douleurs personnelles des Romanoff sont diluées. Pourtant, dans les Aigles foudroyés consacré à la même famille, une part légitime était accordée au massacre de la maison d'Ekatarinbourg, qui n'eut rien à envier, dans l'horreur gratuite, à une élimination de famille kosovare. On se rabattra ici sur la leçon de littéra