Choisir le début, le milieu ou la fin d'une décennie entre 1960 et
1990. Evoquer le contexte politique. Mettre les tubes de l'époque. Loger une scène de fête. Tourner une heure, sans moyens, pour la télé. Voilà quel était le cahier des charges imposé par Arte aux réalisateurs de la série Tous les garçons et les filles de leur âge. Le résultat reste, cinq ans après, un exemple parfait de «concept» télé, une collection de neuf téléfilms dont cinq, au moins, sont des chefs-d'oeuvre. Le Chêne et le roseau, d'André Téchiné, qui triompha en salles et aux césars (quatre en poche) sous le titre les Roseaux sauvages, avec 25 minutes de plus (la fin), met la barre très haut. A partir d'un trio universel (une fille, deux gars), acteurs inséparables depuis (Elodie Bouchez, Gaël Morel, Stéphane Rideau), André Téchiné trace avec une rare élégance des lignes croisées, apprentissages multiples qui ne se transforment pas en leçons de morale: l'obligation de choisir son camp dans la guerre d'Algérie en 1962, la découverte de l'homosexualité, de l'indépendance. Un indécis et une militante communiste qui ne couche pas sont les premiers héros de ces téléfilms anti-clichés, préférant «les filles» atypiques aux «garçons» hétéros. La Page blanche (l'Eau froide au cinéma, diffusée le 24 juillet), pour beaucoup le meilleur film d'Olivier Assayas et de la série, peut être vue comme un poème d'amour à Christine/ Virginie Ledoyen. Sensuel et complexe, brutal et stylisé, le film suit ses mouvements, résu