Blandine Jeanson n'est pas née sous une bonne étoile, mais sous un
ciel étoilé; trop peut-être. L'une de ces étoiles, celle des journalistes, l'a dotée d'un talent rare dont Libération bénéficia avec une chance indicible.
Blandine est une des fondatrices du journal. Mais au contraire de la plupart de ses pairs, elle existe déjà pleinement avant le début de l'aventure, en 1973. Elle est merveilleusement belle, elle a joué dans trois films de Jean-Luc Godard, elle est l'amie de Felix Guattari, de Gilles Deleuze, de Jean-Pierre Bamberger, elle s'est engagée dans les mouvements qui tentaient depuis Mai68 de donner plus de chair aux idées qui volaient dans les airs.
A son entrée dans les locaux de la rue de Lorraine, elle s'active en compagnie d'autres filles, Béatrice, Maren, Marie-Odile, pour imposer une conception féminine du monde dans un univers d'anciens gauchistes très masculins. Elle est de toutes les campagnes: la liberté de l'avortement, la rébellion des prostituées, l'égalité des salaires des femmes. En 1976, lorsque le journal prend vie, à une époque où les enfants disparaissent des conversations, elle donne naissance à David, son fils, son ami, son complice tout au long de sa vie, dans les bons et les mauvais moments.
Peu à peu, au diapason avec la rédaction, mais un petit pas devant beaucoup de ses pairs, Blandine change sa manière de vivre journaliste, elle prend du recul avec le militantisme, s'interroge sur l'information, cherche une manière d'être Libération. C'est