Menu
Libération
Critique

Fan de Van Morrison. Vision alléchante mais frustrante du cow-boy bougon de Belfast. «One Irish Rover», documentaire, Canal Jimmy, 22h10.

Article réservé aux abonnés
publié le 10 septembre 1999 à 0h32

Voici déjà bien longtemps que Van Morrison ne cherche plus à élargir

son auditoire. Ce bouboule bougon, doté de la plus exceptionnelle des voix blanches, est certainement le personnage le plus disgracieux et mutique à officier dans le champ binaire. Depuis plus de trente ans, le cow-boy de Belfast distille, bon an mal an, à son fan-club (conséquent), des albums, tantôt miraculeux, tantôt décevants, le plus souvent les deux à la fois. Un peu comme ce documentaire alléchant (les interviews et les images du bonhomme sont rares) qui se révèle terriblement frustrant. Car les premières minutes du film tiennent effectivement du miracle: sur une colline d'Athènes, sur fond de Parthénon, le gros Van pousse la chansonnette (Crazy love) avec son vieux copain grognon Bob Dylan. Impression d'assister à la veillée scoute du siècle. Juste deux voix légendaires, si opposées mais étrangement complémentaires, deux mythes timides pris sur le vif. On se met alors à rêver. A tort. Après une telle intro, ça ne pouvait que se gâter. Dans les interviews, Morrison se livre toujours aussi peu, lâchant chichement toujours les mêmes platitudes sur le blues ou l'écriture (exemple: «Il faut être inspiré pour écrire.») Quant aux séquences musicales, elles puisent en grande majorité dans un concert donné il y a quelques années avec son big band trop bien huilé. On est loin de la rage insurpassable du Gloria de Them, de la grâce éternelle d'Astral Weeks, de la puissance r'n'b de It's Too late to stop now.