Abordons le mastodonte, l'air fureteur, pas moqueur. Pourtant, le
nouveau feuilleton amiral de TF1, issu du moule Dayan-Depardieu-Decoin, a mis le paquet pour prêter le flanc à la raillerie. En faisant le portrait d'un pilier de la littérature, il s'agit de sortir des grandes phrases sur la condition d'écrivain, l'art, la vie et tout ce qui s'ensuit. Seulement, pas une des tirades interminables tirées de Balzac déclamées par un Depardieu plus Depardieu que jamais ne valent les subtilités de Cyrano. «Avec lui, on avait tellement l'habitude que tout soit démesuré», dit-on à sa mort, en ouverture du téléfilm. Depardieu s'est identifié à l'écrivain boulimique et avide d'honneurs au point de perdre tout sens du ridicule. Lorsqu'il clame fièrement «je suis un géant», avant de partir dans un rire orgiaque, on pense à Jack Nicholson dans Shining, et ça parasite un peu. La lumière chargée, bizarrement divisée en tons bleus ou rougeâtres, atmosphère typique des films d'horreur, renforce ce côté ampoulé. Et Josée Dayan en rajoute, tant sa caméra semble se poser de manière à en loger le plus possible dans le cadre, quitte à confondre décor et magasin de brocante. Le scénario de Didier Decoin découle de la même logique maximaliste, mais réussit, lui, à remplir son cahier des charges avec une certaine habileté. Les mondanités entre écrivains (Victor Hugo, Eugène Sue, Stendhal) et surtout les batailles de Balzac avec ses créanciers passent avec humour. Le personnage récurrent de l'huissie