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Libération

La vie en pub. Porno de comptoirs.

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publié le 13 septembre 1999 à 0h30

La publicité n'invente rien, elle photocopie le petit théâtre des

fantasmes consuméristes collectifs, qu'ils soient minoritaires, quand on veut vendre du hors-de-prix, ou majoritaires quand on veut fourguer au populaire une poudre à laver. Regarder la publicité, c'est se voir ensemble, toujours pour le pire. Ainsi de la pornographie. Légalement absente des chaînes de télé françaises, elle est follement présente sur le câble (cf. RTL9) où les «3615-A poil sur la balancelle» le disputent aux «Pas encore couché? Alors appelle-moi vite!». Mais le porno étant devenu un produit popularisé par la prolifération en rase campagne des distributeurs automatiques de vidéos aussi discrets que visités, il était fatal qu'il serve de prétexte à quelque spot pour engin domestique. Par exemple le Dymo Letra-tag, fourniture de bureau destiné à étiqueter plein de trucs et notamment des cassettes vidéo. Or qui dit cassette, dit cassette porno aussi bien dans l'esprit des inventeurs du spot que dans la vidéothèque de n'importe quelle famille française normalement équipée.

Nous voilà dans un salon tout ce qu'il y a d'Ikea à l'heure où la boîte familiale de Ferrero Rocher circule entre d'une part un jeune couple et d'autre part leurs parents et grands-parents. La jeune maîtresse de maison, croisement réussi d'une paire de couettes et d'un numéro de «Ouah-Délire-magazine», interpelle son époux: «Chouchou, montre-nous le film du mariage.» Chouchou farfouille un tas de cassettes vidéo et finit à l'aveugl