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Libération
Critique

Redites-moi ces choses tendres. Journal intime d'un amour obsessionnel filmé au jour le jour. «Tu crois qu'on peut parler d'autre chose que d'amour?», Arte, 0 h 20.

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publié le 15 septembre 1999 à 0h43

La famille des journaux intimes filmés ­ Je suis venue te dire", de

Laetitia Masson, Demain et encore demain, de Dominique Cabrera" ­ s'élargit d'un nouveau membre actif. Tu crois qu'on peut parler d'autre chose que d'amour? interroge le titre du film de Sylvie Ballyot et Béatrice Kordon. La réponse à la question est manifestement négative puisque les deux cinéastes, fraîchement sorties de la Femis, mettent en scène leur histoire personnelle, fusionnelle, conflictuelle. Elles se sont autofilmées pendant quatre ans en voyage, dans leur lit, au petit déjeuner, dans le bain, dans un cimetière, " Là où Laetitia Masson racontait sa relation trouble avec une fille en laissant planer le doute, Ballyot et Kordon lèvent toute ambiguïté. C'est une histoire homosexuelle. «La première fois que j'ai aimé une femme, j'ai ressenti le désir d'avoir un enfant, dit en voix off l'une des deux filles. Jamais avec un homme je ne l'aurais imaginé.» Sorte de journal croisé, tourné façon super-8, caméra tremblante et plans sur une nuée d'oiseaux qui s'envolent, Tu crois" ressemble à un voyage de noces tourmenté, un voyage existentiel également, de deux filles trentenaires qui «veulent tellement tout vivre qu'elles ne savent plus quoi vivre». On se croirait dans une chanson velléitaire de France Cartigny, rockeuse encensée au printemps par les Inrockuptibles: Un jour je" (Un jour je serai quelqu'un d'autre, un jour je ferai la vaisselle, etc.). L'intérêt et la sincérité du projet sont incontestables.