Lorsque Arte s'attaque à un mythe, l'agence Magnum, elle nous refait
la querelle des Anciens et des Modernes. Le but affiché de ce documentaire est de montrer comment a évolué, plus de cinquante ans après sa naissance à New York, la plus célèbre des agences de photographes, qui fonctionne toujours en coopérative. On passe sur les propos des journalistes, notamment anglo-saxons, qui se prennent pour les seigneurs de l'ekta, et qui nous apparaissent comme des anciens combattants. En revanche, on sait gré à Reiner Holzemer, le réalisateur allemand du documentaire, d'avoir donné la parole à des photographes plus jeunes ou moins américains réfléchissant à leur rôle, à leur conception de la photo et à l'avenir de l'agence Magnum. Notamment, Luc Delahaye, membre récent de la coopérative, dégoûté de la guerre: «Avec la guerre, la réalité est différente, elle est plus facile à saisir. Mon esthétique basée sur une certaine froideur, une indifférence me protégeaient en surface. Plus vous avez des expériences difficiles en photo, plus vous êtes affaiblis. De toute façon, la photo ne change rien, on ne sert à rien.» Reiner Holzemer a également suivi Martin Parr dont les instantanés du kitsch britannique ont mis longtemps à emporter l'adhésion de l'agence. «J'étais trop cynique, pas assez humaniste selon les canons de l'agence.» Pris entre l'envie de recycler ses vieilles antiennes et l'intégration difficile de nouveaux talents, Magnum s'efforce depuis quinze ans de privilégier les documen