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Libération
Critique

Une femme disparaît. Arte, 22 h 50.

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publié le 20 septembre 1999 à 0h47

On tient Hitchcock, on ne va pas le lâcher comme ça. Cinéma fuyant,

indécidable, hermaphrodite, à la fois lièvre par ses accélérations soudaines et tortue par sa lenteur rieuse, rusée, il fait de la vitesse pure l'un de ses sujets de prédilection. A la revoyure, d'ailleurs, son dernier film, Complot de famille, mixture hétérogène de téléfilm quelconque et de testament laconique, vaut surtout pour la morbidesse presque méditerranéenne de ses temps morts, une sorte de nonchalance ironique à la Columbo. Tout, ici, est question de tempo, la lourdeur systématique des corps, l'apathie des personnages, finissant par générer une sorte d'angoisse épaisse, presque ralentie, comme une sieste inexorable vers la mort. Quarante ans avant Complot de famille, le jeune Hitchcock d'Une femme disparaît était déjà aussi gros, aussi lent, mais son cinéma n'avait pas encore, pour le meilleur et pour le pire, croisé la télévision. D'où cette élégance légère, presque surréaliste, cette manière inédite de croiser rêve et réalité, d'imaginer un feuilleton ferroviaire qui ne virerait pas, pas encore, au cauchemar maniériste. La télé donnera à Hitchcock l'une de ses idées les plus fortes, celle de la surenchère: plus de vulgarité (Psychose), plus de sadisme (les Oiseaux), plus de peinture (Vertigo). Pour l'heure, il est simplement ravi de ses personnages, expérimentant une sorte de joyeuse hystérie qui trouvera sur le tard, avec Marnie, son versant noir.

Trois ans plus tôt, en 1935, Hitchcock signait son