Face à la caméra, une femme aux cheveux blancs explique comment,
tous les matins, elle devait chanter des refrains nationalistes devant le drapeau nazi. Une autre raconte les soixante heures de travail hebdomadaires dans une usine d'armement, et le repos impossible pour cause d'alertes aériennes. Ces témoignages d'anonymes, parfois poignants, parfois révoltants, constituent le grand intérêt de l'impressionnante série documentaire Heimatfront qui, en six épisodes thématiques d'une heure «La communauté nationale», «La terreur»" , décrit la (sur)vie quotidienne dans l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. L'équipe, coordonnée par Esther Schapira, a laissé tous ces «gens ordinaires» s'exprimer librement, qu'ils aient été partisans plus ou moins repentis du IIIe Reich, victimes des exactions SS ou, le plus souvent, simples «attentistes» ou «suiveurs». Pour éviter que la force de ces paroles brutes ne prenne le pas sur la vérité historique, beaucoup de ces témoignages sont immédiatement remis en perspective par des images d'archives et des données historiquement validées. Ces décalages, parfois incroyables, entre la perception des événements et la réalité en disent long sur la force de persuasion de la propagande hitlérienne.
Dans l'épisode diffusé ce soir, les témoins racontent l'infernale «bataille du travail», la mobilisation coercitive de toutes les «forces vives» (mères au foyer «aryennes», mais aussi prisonniers de guerre et «sous-hommes» slaves, puis juifs r