On laissait entendre, l'autre jour, que Paul Verhoeven, comme John
Carpenter, adorait retourner sur les traces des mythes fondateurs du cinéma hollywoodien. Dans l'un et l'autre cas, il s'agit d'un point de vue «révisionniste», distancié, narquois, un cinéma qui adore marquer ses petites différences, quitte, le plus souvent, à en faire tout un chichi. Pour se distinguer d'un film de Gordon Douglas (Des monstres attaquent la ville, 1954) ou de Roger Corman (Attack of the Crab Monsters, 1957), ce n'est plus sur l'attaque à proprement parler que Starship Troopers insiste, comme savait le faire également, avec encore plus d'astuce, un Jack Arnold (L'homme qui rétrécit, 1957), mais sur les conséquences de cette attaque, l'éventrement des hommes, la boucherie, le gore. Les insectes géants de Verhoeven ne sont pas des monstres, ce sont des instruments tranchants en images de synthèse, des guillotines animées, des couteaux, des sabres. Cinéma du moins qu'humain et de l'éclopé, en opposition aux héros invincibles d'hier: on perdait un doigt chez Hawks, ici, un bras est déchiqueté en un tour de main, très vite, très froidement, presque calmement. Si on s'intéresse à ce qui coupe, à ce qui tranche, à ce qui fait vraiment mal, mieux vaut revoir Edward aux mains d'argent de Tim Burton, le seul réalisateur contemporain dont les «remakes» ont de l'allure.
Il y a une vingtaine d'années, deux cinéastes quittaient la Tchécoslovaquie pour malmener de la même façon les mythes hollywoodiens. Mil