«Alors, heu" votre éditeur est extrêmement hystérique" heu" il a un
côté hystérique" heu" et pervers!» A qui essaie de parler Daniela Lumbroso, mardi, dans son Talk-show sur LCI? A l'écrivain Jean-Marie Laclavetine, lecteur chez Gallimard et auteur (dans la même maison) d'un roman qui met en scène un éditeur, dit-il, «talibanesque». Stupeur du téléspectateur: il est toujours vivant, celui-là? Ce moustachu passe-muraille a survécu à l'équarrissage dont il fut victime, trois semaines plus tôt, sur le plateau de Bouillon de culture (France 2)? Aux méchants coups de langue de Christine Angot, qui, ce vendredi-là, l'enterra vivant sous ses mots et nos yeux effarés (1)? Oui, et c'est l'un des mystères de la vie que la télé grossit: on survit à presque tout. Même à Angot, même à ses mots (et merde, et merde, et MERDE, doit-elle penser). On en revient et on revient. Presque aussitôt. Sur d'autres plateaux, sur d'autres chaînes, à midi ou à minuit. Sur un autre cheval de bois, comme au manège. Les morceaux sont recollés, le sourire est remis, et la vie continue. En apparence, du moins. Et ceux qui regardent l'écrivain vivre mardi ne sont pas forcément ceux qui l'ont vu mourir vendredi. Même quand elle a servi au supplice, la roue tourne.
Laclavetine parle doucement, comme il y a trois semaines. Il dit à peu près la même chose: la grandeur terrible de l'écriture, le pesant ego des auteurs, etc. Mais il le dit sans Angot, sans Pivot. Les mêmes mots sortent sous la moustache, mais une foi