Sur le canapé beige et moelleux, près de la petite lampe, ils sont
trois: papa, maman, fiston. Papa, maigre, moustachu, la peau rongée sur le visage et tatouée partout sur les bras, porte une casquette, un tee-shirt à la gloire des «chevaliers blancs». Il boit de la Heineken en boîte en clopant. Fiston gigote entre ses parents. Il a deux, trois ans. Il est mignon, tout en rouge, et n'a pas l'air d'écouter ce que ses vieux disent aux journalistes. On devine à peine les yeux de maman derrière sa grande cagoule blanche et pointue. C'est la famille Ku Klux Klan (Arte, mercredi, 20 h 15). Bref et terrible, le reportage, dans l'Indiana, est consacré aux «femmes du Klan». Et ce tableau de la sainte famille en intérieur cossu, avec l'épouse en cagoule, pleine d'une grotesque discrétion féminine, nous fait aussitôt entrer dans la folie: une folie mise en spectacle, et qui vit de son spectacle. Tandis que l'enfant se lève sur les coussins, le père se vante: «Ma femme tire mieux au pistolet que les hommes!» La mère regarde son fils, qui escalade le canapé, et explique sous sa cagoule: «Je lui enseigne: pas de mélange racial, pas de musique be-bop! Il apprend ce que j'ai appris. Il va à chaque rallye. Il me suit partout.» La caméra suit un peu l'enfant, qui ne semble pas écouter, mais entend tout. Puis elle passe sur le père: «J'ai eu une fille qui a eu un bébé noir, dit-il. Quand elle me l'a dit, j'lui ai dit: "Tu es morte. Tu as trahi ta race. J'lui ai dit: "Salope. Tu es une pute de