En attendant un deuxième volet qui pourrait s'intéresser à la
représentation des jeunes Arabes en «caillera» ou «bons Beurs» dans le cinéma français, Moktar Ladjimi nous plonge dans le cinéma colonial d'avant- guerre. Dans ces films aux titres épicés (La Fiancée du spahi, Vengeance kabyle, ") la femme arabe est de préférence présentée comme une impétueuse sauvageonne aux moeurs légères et en rupture de tribu, tandis que l'homme apparaît soit sous les traits du vieux sage fataliste, soit en guerrier embusqué. La thèse de Ladjimi, démontrée avec force images d'archives, est implacable, voire rigide: les films tournés au Maghreb par les Européens constituent un véritable cinéma de propagande destiné à justifier la colonisation. La France y est présentée comme une matrice bienveillante et protectrice, le légionnaire comme un mâle dominateur néanmoins au service de la terre et de ses habitants. Il y a quelque chose de la relation «cow-boys/Indiens» dans la mise en scène de ces films: les combattants arabes surgissent toujours par surprise de la montagne ou du maquis, armés d'un poignard vicieux, tandis que le légionnaire avance courageusement à découvert armé d'un fusil. Comme disait un célèbre article de la revue Socialisme et Barbarie au moment de la guerre: «Entre la France et l'Algérie, il y a un couteau.» (avec l'imaginaire sexuel qui s'y accroche). Lorsqu'un personnage maghrébin est porté aux nues par un scénario, c'est qu'il y a anguille sous roche. Ainsi de cet homme qui,