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Libération
Critique

Bas les masques. Ciné Classics, 1h25.

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publié le 29 septembre 1999 à 0h54

A quelques heures de la sortie en salles de Rosetta, extraordinaire

mélo prolétarien et poétique que cette fin de siècle ne méritait pas, le beau film de Richard Brooks, Bas les masques, rappelle opportunément une généalogie oubliée de cet art de l'ambiguïté militante. Il y a presque un demi-siècle, à Hollywood, d'anciens journalistes comme Samuel Fuller ou Richard Brooks donnent pour la première fois la parole à des éclopés de la vie, des violents, des traîtres, voire des assassins, en finissant provisoirement avec le manichéisme légendaire du cinéma américain. De cette audace presque caractérielle, de ces tremblements lyriques, restent des portraits inoubliables de petits voleurs peureux (le Port de la drogue), de meurtriers décalés (J'ai tué Jesse James), d'aventuriers stevensoniens (Lord Jim), d'Indiens blancs (le Jugement des flèches), autant de personnages secondaires ou de héros minoritaires qui bousculent les conventions en même temps que les spectateurs. Mais Rosetta, comme hier la Promesse, tient surtout de cet autre chef- d'oeuvre de baroque et d'incertitude signé Richard Brooks, Elmer Gantry: étrange silhouette de prédicateur aux dents blanches, escroc plus grand que nature, boule de feu fictionnelle. Prendre un personnage, le journaliste Humphrey Bogart dans Bas les masques, le charlatan Burt Lancaster dans Elmer Gantry, et le jeter vivant dans la fournaise de l'action. Vérité, mensonge, pure vitesse. La méthode de Richard Brooks, la méthode des Dardenne, c'est u