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Libération

Après coup. Buffet, peintre du 20 heures.

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publié le 6 octobre 1999 à 1h04

Lundi soir, il s'est passé quelque chose à la télévision: TF1 a

ouvert son journal de 20 heures sur la mort d'un peintre. Evidemment, l'actualité était un peu molle. Le raout patronal contre les 35 heures, sujet du jour, ce n'était ni nouveau ni excitant. En France, les patrons ne font pas rêver, et le folklorique Ernest-Antoine Seillières ne fait même plus sourire: le comique de répétition a lui aussi une fin. De là à commencer par de la peinture... mais Bernard Buffet n'est pas n'importe quel peintre: c'est un peintre comme TF1 les aime. On peut même dire que c'est un étalon: le peintre en gros, fait pour la grosse télé. Très populaire. Produisant à mort: «Près de 8000 toiles peintes en un demi-siècle! tonne le commentaire. Il peignait de 5 heures du matin à midi, jusqu'à l'épuisement!» Athlète artistique, marathonien de la gouache, Buffet peint comme on consomme, beaucoup et en boucle. Il entre d'abord dans l'histoire par un exploit, un chiffre, 8 000, qui semble fait pour un service des sports. 8 000 en 50 ans... Qui dit mieux? Top chrono! Buffet? Tout un Himalaya à gros budget, une mise en scène dont les tableaux forment les figurants et le décor. Buffet peint comme filme par exemple une Josée Dayan (le Comte de Monte-Cristo, Balzac), beaucoup et vite. Célébré par le public, méprisé par la critique (qui l'aima au début), il est en tout cas riche et mis au musée. Modèle télé, c'est le peintre qui réconcilie l'art et l'Audimat, le Parnasse et la production de masse. Mais