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Libération
Critique

Mauvais Sang. Ciné Cinéma I, 22 h 25.

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publié le 6 octobre 1999 à 1h04

Une image, c'est ce qui reste quand il n'y a plus rien. Quand on a

vendu sa collection d'images, quand on les a perdues, s'il en reste une, c'est celle-là qui compte. De Mauvais Sang, il ne reste rien. Qui pourrait dire, aujourd'hui, la différence entre le film de Léos Carax, son deuxième film, et un ambitieux polar onirique comme la Lune dans le caniveau, adaptation sensuelle et lourdingue de David Goodis par Jean-Jacques Beineix? Méfiance du réel, méfiance du théâtre, dégoulinades de corps plus peints que dépeints, fascination du décor comme scène originelle du cinéma, comme lieu unique du crime. Et le tragique? Et le trivial? Sages métissages esthètes, pitreries peinturlurées, mélodramatisation inutile de l'espace. Beineix, Carax, Kusturica, combien

sont-ils à s'étourdir de tableaux vivants, même pas capables de les arrêter vraiment dans leur course éperdue et fatigante au prototype? Cinéma lelouchien qui n'a même pas la générosité du petit Claude, son respect des acteurs, sa patience. Cinéma d'éternel adolescent, de surdoué capricieux, d'anorexique gourmand de reconnaissance qui ne sait, au fond, que faire sa propre publicité. Cinéma caractériel et poseur, enfant contre-nature de Magritte et de Pialat, avec ses dizaines de Ferrara, de Woo, de Wong Kar-wai. Entropie, quand tu nous tiens" On dira qu'on radote mais en ces temps de maniérisme élégant, d'arrêt sur image, de ralentissement esthète, la pure vitesse de Rosetta efface tout sur son passage. Au moment où les Straub,