Lorsque le petit écran a réalisé il y a quelques années que le bébé
était une personne, il découvrait par la même occasion que le nouveau-né était aussi une bête de télé. D'où une programmation le samedi soir pour cette série en six épisodes coécrite par Brigitte Thévenot et Aldo Naouri, la star de la pédiatrie dont les nombreux ouvrages ont supplanté ceux de Régine Pernoud sur les tables de chevet des jeunes parents. Eminence controversée tout de même puisqu'à l'inverse de la Pernoud suscitée qui, telle une Ginette Mathiot de la puériculture, offre des recettes-réponses (peu satisfaisantes, certes) à tout, elle s'applique plutôt à poser des questions et donc, volontairement ou non, à attiser les inquiétudes et les incertitudes. Ainsi, dans ce premier chapitre consacré à l'accouchement, s'interroge-t-on sur la surmédicalisation de la naissance en France (comme aux Etats-Unis) qui tend à «déposséder la mère de tout» alors qu'au Pays-Bas (et au Québec) on privilégie le «déménagement» (selon l'amusante formule de Boris Cyrulnik) à domicile. Même doute en ce qui concerne l'éradication de la douleur, la systématisation de la péridurale. «La douleur n'aurait-elle pas pour finalité de marquer la rupture, de signaler que "bébé s'en va?», avance Naouri, nourri par sept ans de psychanalyse. Entre un temps où la mort en couches était considérée comme une quasi-fatalité et une époque où mettre au monde tient de plus en plus de l'acte purement médical, difficile parfois de s'y retrouver