Qu'est-ce qu'un juif a à vendre? De tous les films «communautaires»
de Thomas Gilou, La vérité si je mens s'est le mieux vendu. Bien mieux que les Africains (Black mic-mac), les beurs (Raï) et aujourd'hui les Sud-Américains (Chili con carne), ce sont les juifs qui ont emporté massivement le succès et la sympathie du public. Pas n'importe quels juifs. Les «Tunes», les juifs tunisiens, les commerçants pittoresques du Sentier. Qu'est-ce que ces juifs-là ont à vendre que nous sommes prêts, aujourd'hui, avec une belle unanimité, à acheter? N'oublions pas que le véritable racisme, le plus profond, s'exerce envers les Arabes, et pas n'importe lesquels. Qu'un Arabe se mêle de ce qui ne le regarde pas, de philosophie, de politique, de littérature, qu'il ne reste pas à la place qui lui est assignée, et les portes se ferment. Le racisme se déclenche quand l'autre, le juif, l'Arabe, s'essaie à faire ce que vous faites ou, pire, ce que vous aimeriez faire et que vous vous interdisez. Mais s'il se cantonne à être l'autre, avec ses petites différences, un couscous, une montre voyante, un accent, ça reste pittoresque, c'est permis. On visite cet espace-là, celui de cet autre-là, comme on se prête au marchandage dans les souks à Marrakech. La France a toujours aimé Macias, Mitterrand adorait Lili Boniche. Mais qu'un Bernard-Henri Lévy philosophe, qu'un Nagui se mêle de littérature" Ce racisme-là est la dernière forme de haine de classe.
La vérité si je mens est un bon film. Chaleureux, rythmé,