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Libération
Critique

Ellroy dans le grand nulle part. A L.A., l'écrivain décortique l'univers de ses polars. «James Ellroy Confidentiel», documentaire. Arte, 23 h 15.

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publié le 13 octobre 1999 à 1h26

Il y a trois documentaires mêlés dans cette heure en compagnie de

James Ellroy, tous aussi passionnants: un portrait de James Ellroy, romancier ambigu, intimement lié à son sujet favori, Los Angeles dans les années 50, présenté à l'occasion d'une ballade dans le L.A. actuel. Ellroy fait plus que le guide: à chaque tournant, il raconte un souvenir («J'ai dormi dans ce supermarché», «Ici habitait Cathy Montgomery, j'ai reniflé ses petites culottes, God bless you, Cathy») ou démontre la précision maniaque de ses romans (on passe devant la maison du Dahlia noir), dont les trames sont directement puisées dans les faits divers de l'époque. Il fait des présentations de speaker radio («C'était le 15 janvier 1947, au petit matin"»), puis nous amène innocemment devant un buisson, qui n'a pas changé depuis 1958, année du meurtre de sa mère, retrouvée là. Devant la caméra, Ellroy garde ce ton las de médecin légiste, évoquant un crime «banal, moche et pathétique». Le Los Angeles de James Ellroy confidentiel est aussi banal, moche et pathétique. Le documentaire colle ainsi beaucoup plus à l'esprit dérangé de l'écrivain que les adaptations cinéma lisses de ses romans. Ellroy cabotine, imite son chien, et ne cache pas ses contradictions: grand connaisseur de toutes les déviances (il a été junkie et délinquant de 1965 à 1975), allemand et américain, il mélange pureté et ordre, lorsqu'il balance dans une même phrase «les junkies et les pédés», ou conclut avec: «Je veux que les choses devienne