Passablement agacé, le lecteur se demandera peut-être pourquoi on
revient encore sur Kubrick alors que ce n'est pas, à l'évidence, notre tasse de thé. C'est que son ambition démesurée, après Folamour (qui est encore un prototype, un hybride) à vouloir porter à sa «perfection» tous les genres, les uns après les autres (science-fiction, fantastique social, film en costumes, film d'horreur, film de guerre...), produit de drôles d'objets auxquels il est difficile de rester indifférent. Shining, lui, n'existe que par ses figures de style. Vingt ans plus tôt, en 1960, quand déboule Psychose, le premier film d'horreur pure d'un cinéaste connu pour mesurer ses effets au millimètre près, on ne sait pas encore qu'Hitchcock donne au Grand-Guignol, au gore, ses lettres de noblesse. S'il a su faire ça au grand jour, faisant violence à l'époque à ses admirateurs les plus inconditionnels, c'est qu'il a précisément fait du maniérisme, depuis Fenêtre sur cour et ses incursions simultanées à la télévision (1955), son seul et unique sujet. Ici, le style naît de sa mise en danger même. Tout le reste, Shining comme toutes les briandepalmeries les plus quelconques (la supériorité de Kubrick, c'est le génie du casting, un film entier bâti sur les tics d'acteur de Jack Nicholson), n'est que déclinaisons purement formelles.
Ceci dit, Shining fait peur, on n'en sort pas. La scène finale du labyrinthe est d'ailleurs l'illustration, passablement virtuose de cette obsession du cinéaste à empêcher littéra