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Libération
Critique

Eléna et les hommes. Histoire, 20 h 45.

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publié le 14 octobre 1999 à 1h10

Si on peut s'énerver du côté raide, presque amidonné, de ce film

mineur et tardif de Renoir, force est de constater qu'il a du style. Le style, pour un cinéaste, ce n'est pas la batterie d'effets par lesquels il se présente. Ce n'est pas non plus l'effet de signature, la marque, le modèle déposé. Le style, c'est ce qu'il y a derrière, jamais devant. Difficile, n'est-ce pas? Dans Eléna et les hommes, fantaisie amoureuse et militaire de Jean Renoir, ce n'est pas la désuétude d'un film en costumes, tourné, en 1956, par un cinéaste de 62 ans, qui pose problème, c'est plutôt que ce cinéaste est né au siècle dernier, quatorze ans seulement après les événements dont il s'inspire, et que son film, le cinéaste y est pour quelque chose, est un vrai film du XIXe siècle. Du guignol, assure même Lourcelles dans son Dictionnaire du cinéma, soulignant que le guignol est essentiel chez Renoir, avec son schématisme volontaire, sa bouffonnerie, ses somptueux jeux de cache-cache, son esthétique distante, anodine, extrême. Entre le pouvoir et l'amour, Renoir choisit toujours l'amour, avec une sorte de résignation à la fois joyeuse et mélancolique qui n'appartient qu'à lui.

Avec Renoir, très souvent, qu'on le veuille ou non, on remonte le temps. Il est l'un des rares cinéastes à savoir faire des films d'époque, des films en costumes. C'est un véritable enfant de Lumière (l'éblouissement du plan fixe) et de Méliès (la magie, le cirque). A chaque plan, il se régale des acteurs, sans jamais les nat