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Libération

Après coup. Dorian Bowie.

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publié le 15 octobre 1999 à 1h11

Dans un nouveau jeu vidéo produit par David Bowie, le corps de

l'artiste est manipulé dans tous les sens par des enfants. «Comment vous expliquez cette attirance qu'exerce votre image?», lui demande Claude Sérillon, mercredi sur France 2. Bowie, en tournée de promotion, a un sourire total, féroce, et répond: «Je pense que c'est très bien d'être manipulé par les jeunes.» Il accentue le sourire et ajoute: «Ça devrait être le rêve de tous les vieux!» En fait, c'est le rêve de la plupart des vieux: mélanger son corps à celui des jeunes, leur pomper de la joie, de la force, de l'insouciance, de l'élasticité, tirer d'eux tout le courant possible comme on le fait parfois, chez les pauvres, sur le compteur électrique du voisin. Bowie a 53 ans et comme à chaque fois qu'on le revoit, c'est un choc: sur qui, sur quoi, sur quelle centrale a-t-il tiré ses milliards de kilowatts pour obtenir ce naturel dans la minceur, la peau lisse, le profil d'oiseau, le regard léger? Comment fait-il pour conserver ce style d'élégant adolescent, ces lunettes bleues fumées, cette chevelure raide et longue, sans avoir l'air d'un vieux con à la remorque? Pour installer cet os vivant et insouciant qu'est son visage? Y a-t-il quelque part, caché dans un grenier, un portrait de Dorian Bowie qui se charge à sa place de tous les péchés et du temps qui passe? Non. La réponse est là, visible: lorsque Bowie paraît, il impose à tous son propre contexte. On ne le juge qu'en fonction de lui-même et de ses images pass