Sur le plateau de Droit d'auteurs (dimanche, 11 heures, la
Cinquième), un jeune écrivain sauvage se passe la main dans ses cheveux noirs. Très beau, il rappelle un peu Cyril Collard. Légèrement affalé, il écoute l'animateur, Frédéric Ferney, d'un air accablé. Il s'appelle Christophe Honoré. Il a écrit un premier livre violent, sensuel, travaillé: l'Infamille. Il vient présenter le second: la Douceur. Il y est question de deux frères. Dans son enfance, l'un d'eux a été complice du meurtre d'un autre enfant. «J'ai voulu partir de lieux communs autour du fait que les enfants sont à la fois cruels et sexués, explique-t-il, et l'incarner dans un vrai récit.» Mais on est à la télé. Les mots hésitants de l'écrivain sont trop vagues. Il faut appâter le public avec un extrait, un échantillon du livre. Il faut vendre Honoré. Ferney, lentement: «Il faut dire qu'il y a quand même dans ce livre trois pages d'horreur absolue, je ne vais pas vous les lire, mais je vais en lire un bout. Il faut dire que les deux enfants ont fracassé le crâne et explosé la cervelle de leur camarade"» Et il lit: «La peau s'est entièrement rétractée"» Mais Honoré l'interrompt en s'agitant: «Non! Non! Je voudrais quand même" Là, vous allez lire un extrait"» «Non! Je ne vais pas tout lire!» proteste Ferney, qui n'a pas encore compris où l'écrivain voulait en venir. «" un extrait, poursuit Honoré, où mon projet, pour le coup, c'était vraiment que ce soit illisible. Que pour un lecteur normal, à mon avis, ça ne s