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Libération
Critique

Orange mécanique. Ciné Cinémas 1, 20h35.

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publié le 20 octobre 1999 à 1h16

Trois ans après 2001, Kubrick passe avec Orange mécanique du space

opera à l'opéra d'anticipation sociale, proposant encore une fois d'éblouir le spectateur en le «faisant réfléchir». N'y a-t-il pas pourtant là, sept ans après Folamour, un curieux rétrécissement du point de vue? Il ne s'agit plus de dénoncer mais de poser dans l'attitude de celui qui dénonce. White Dog, téléfilm tardif de Fuller sur un sujet voisin (la violence, le dressage, la désintoxication), vaut évidemment cent fois mieux que ce world cinéma prétentieux. Quant à l'art de la pose, il faut plutôt chercher sa perfection chez les héritiers de Warhol, Jarmusch en particulier, qui en a fait le fondement même d'un monde sensuel et ritualisé, avec ses modèles, sa généalogie, sa fièvre. Ultraviolence, soit. Et s'il s'agissait tout autant d'un défilé de mode, d'un effet photographique, d'un recadrage? Qu'est-ce qui différencie, au fond, Orange mécanique de Paris, Texas dont on a essayé de rendre compte ces jours-ci? Lieu idéal de rencontre du classicisme (posez-vous, regardez, patientez) et du baroque (attention au petit oiseau, l'auteur fait irruption dans le tableau), l'un et l'autre combinent les figures de style comme un tissu en patchwork tout en insistant pour nous éblouir de leur drapé, de leur fluidité. End of violence, titrera plus tard Wenders, coupable comme Kubrick de se laisser aller aux douces facilités de la photographie. Faire du cinéma comme de la boxe, sur papier glacé, mettre un sentiment en am