Aujourd'hui, il y a des dizaines de sitcoms, chacune destinée à un
public hyperciblé. En 1951, I love Lucy occupait à elle seule le créneau de la comédie en chambre, en épisodes et avec un «personnage récurrent». Lucille Ball, à l'origine chanteuse et comédienne de comédies musicales, créa avec cette série une héroïne dans laquelle se reconnaissaient les ménagères, et traça le chemin emprunté maintenant par Jesse ou Ally Mc Beal. Téva fait précéder la diffusion prochaine d'I Love Lucy (1) d'un documentaire hagiographique (22 h 40), coeur d'une «soirée spéciale» constituée de micro-trottoirs montrant la modernité de la série, et surtout de best of des prestations de l'actrice. Oublions les éloges des acteurs avec qui Lucille Ball a travaillé, aussi compassés qu'un discours de remise d'un Oscar d'honneur, car les gags parlent d'eux-mêmes. Sur des bases de boulevard avec des mimiques de cinéma muet, les séries de Lucille Ball ont construit quelques gags parfois absurdes à la Marx Brothers, ou subtils à la Black Edwards. Lucille Ball n'a pas vraiment de style, à part une prédilection pour les crises de nerfs: elle est drôle en toutes circonstances. Parmi les meilleures scènes, une inspirée des Temps modernes de Chaplin parodie le travail à la chaîne dans une chocolaterie, Lucy et sa copine étant obligées de bouffer les chocolats au fur et à mesure pour ne pas les laisser passer. L'argument de I Love Lucy (une ménagère maladroite veut faire du spectacle à tout prix) permet d'inv